Des couples de cygnes noirs homoparentaux

Les bonobos sont très connus des scientifiques et du grand public pour leur vie sexuelle très active : ils ont aussi bien des relations sexuelles entre mâles et femelles, qu’avec des individus du même sexe. Ce phénomène est loin d’être réservé aux seuls primates africains et d’être anecdotique dans le monde animal. Scientifiquement parlant, les comportements homosexuels ont été documentés chez 471 espèces sauvages et plus de 130 espèces d’oiseaux ! Le cygne noir – de la même famille que le cygne blanc –, qu’on retrouve généralement en Australie, en fait partie.

Le cygne noir, deux papas

Le cygne noir, originaire d’Australie et de Tasmanie, forme quelques fois des couples homoparentaux. Il n’est pas rare de retrouver chez cet oiseau monogame, deux mâles qui couvent une nichée puis qui élèvent les petits.

Deux mâles valent mieux qu’un

Comment ces mâles ont alors eu accès à cette nichée ? Chez cette espèce, il semblerait que les couples de mâles homosexuels seraient prisés chez les femelles. En effet, deux mâles vaudraient mieux qu’un pour défendre le territoire, étant plus gros et plus forts que les femelles face aux prédateurs. Les poussins élevés par des mâles auraient plus de chance de survivre qu’en étant élevé par un couple hétérosexuel. La femelle s’associerait alors avec eux, formant « un couple à trois »,  le temps de l’accouplement et de la ponte.

La femelle cygne noir utilisée pour pondre les œufs

Après la ponte, la femelle serait chassée du territoire par les mâles, qui se chargeraient de la couvée et de l’élevage des petits.

Cygne noir et ses poussins naent dans l'eau - Instinct Animal 

L’homosexualité chez les animaux

Beaucoup de chercheurs, dans leurs études, sont frileux de parler d’homosexualité, mot souvent attribué à l’Homme. Ils préfèrent alors utiliser le vocabulaire de « comportement de même sexe » ou de « same-sex behaviour » en anglais. D’autres, au contraire, évoquent sans tabou le terme d’homosexualité animale, tout en prenant garde à bien la définir.

Différents concepts à ne pas confondre

Ainsi, chez les animaux, le concept d’homosexualité est utilisé pour évoquer deux individus du même sexe qui ont recourt à des comportements à caractère sexuels ou non, à plus ou moins long terme, comme la séduction, la copulation ou encore des comportements de parentalité et d’affection.

Cela n’est pas à confondre avec les préférences sexuelles ou l’orientation sexuelle. On parle de préférence sexuelle lorsqu’un individu a le choix entre un mâle et une femelle, et qu’il préfère se tourner vers un sexe plutôt que l’autre pour avoir des relations, ce choix peut avoir un caractère temporaire. L’orientation sexuelle, elle, s’inscrit plus dans le temps pour un individu. Dans le monde animal, ces types de cas sont un peu plus rares, du moins scientifiquement parlant.

Des tentatives d’explications de ces comportements

Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer ces nombreux comportements observés chez la faune sauvage.

On a d’abord ceux qui tentent de l’expliquer par le biais de fonctions mécaniques : génétique, neurologique, hormonal, etc.

Puis ceux qui l’expliquent sous le prisme de la théorie de l’évolution  – théorie prédominante dans le monde de la biologie animale – mettant en avant divers mécanismes selon les espèces. Ainsi, ce serait pour créer et renforcer les liens sociaux chez le grand dauphin, pour l’apprentissage des jeunes chez la drosophile ou encore, pour augmenter le succès reproducteur dans notre cas du cygne noir.

D’autres scientifiques avanceraient que ces divers comportements s’expliqueraient également par la recherche du plaisir, car les animaux aussi, chercheraient à ressentir du plaisir. De quoi plaire aux Darwiniens…

Sources : 

Bailey, N., & Zuk, M. (2009). Same-sex sexual behavior and evolution. Trends Ecol. Evol. Vol 24, Issu 8.

Daugey, F. (2018). Animaux homos : Histoire naturelle de l’homosexualité. Albin Michel

Crédits photos : Ed Dunens

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