Oiseau national du Panama, la harpie féroce est sans doute l’une des espèces d’oiseaux les plus impressionnantes d’Amérique du Sud. Cette créature intimidante n’a cependant rien d’une légende.
Découvrez les caractéristiques incroyables qui ont bâti la réputation de cet imposant rapace, super-prédateur de la canopée.
La harpie féroce : une habitante des hauteurs de la canopée
La harpie féroce est originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud : présente du Mexique jusqu’en Argentine, elle est plus communément retrouvée au Brésil. Cet impressionnant oiseau fréquente plus précisément les forêts tropicales pluviales, dans les couches supérieures de la canopée où il se perche sur les branches des arbres émergeants pour repérer ses proies.
L’un des plus grands rapaces d’Amérique
Mesurant un mètre de hauteur, et atteignant les deux mètres d’envergure, la harpie féroce est l’une des plus grandes espèces d’aigles vivant sur notre planète. Reconnaissable par sa tête de couleur grisâtre ornée d’une crête de plumes sombres, elle représente le plus grand et le plus puissant rapace du continent américain. Comme chez de nombreuses autres espèces d’oiseaux de proie, les femelles sont plus grosses que les mâles, pouvant peser jusqu’à 9 kg. Mais le plus impressionnant chez cet oiseau, outre son bec très épais et crochu, sont ses puissantes pattes armées de redoutables serres recourbées et aiguisées, longues de 12,5 cm.
La harpie féroce est une redoutable mangeuse de singes
Prédateur solitaire, la harpie s’aide de son excellente vue ainsi que de son ouïe pour localiser ses proies dans la densité végétation de la canopée où elle n’a aucun mal à circuler malgré sa corpulence. A cette hauteur, elle y trouve des animaux arboricoles tels que les paresseux ou de nombreuses espèces de primates (comme les singes-araignées ou les saïmiris), qui représentent les principales sources de nourritures de ce chasseur carnivore. Grâce à ses puissantes pattes, elle est capable d’arracher une proie de 4 kg de sa branche et de la transporter jusqu’à son nid. Mais les espèces terrestres ne sont pas épargnées, car elle peut très bien chasser des lézards, des rongeurs, voire même des petits cerfs !
Une partenaire fidèle
Les harpies féroces forment des couples fidèles à vie, et mâle et femelle participent à la construction du nid, composé de branches, de végétation et de poils d’animaux. Sa confection peut durer plusieurs semaines, et celui-ci peut mesurer 1,5 mètres de largeur ! La femelle y dépose en général deux œufs, et y reste pour couver pendant que le mâle part en quête de nourriture. Cependant, un seul œuf arrivera à terme. En effet, lorsque le premier œuf éclot, la femelle ne poursuit pas la couvaison. L’élevage de leur progéniture leur demandant beaucoup d’énergie, le couple ne peut s’occuper que d’un seul jeune à la fois. L’implication des deux parents reste nécessaire pendant les 10 premiers mois de l’oisillon. Après être devenu autonome, celui-ci peut rester près du nid, c’est pour cela que le couple ne se reproduit qu’une fois tous les 2 à 3 ans.
Une espèce d’oiseau quasi-menacée
Bien que l’aire de répartition de la harpie féroce soit très étendue, sa population ne cesse de diminuer. Ayant disparue de nombreux sites, notamment de la forêt tropicale atlantique brésilienne, cette espèce est actuellement considérée comme quasi-menacée selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). La principale raison de sa raréfaction est la destruction de son habitat, causée par les activités humaines telles que l’exploitation forestière, l’agriculture ou encore l’élevage de bétail. Au Brésil, elle est d’ailleurs chassée par les éleveurs qui la perçoivent à tort comme une menace pour leur cheptel. Dans certaines régions, ses plumes servent pour la fabrication de coiffes et parures amérindiennes portées lors de cérémonies, et ses serres sont prisées par les chasseurs indigènes pour être utilisées lors de cultes vaudou, ainsi que par les amateurs de trophées.
Pour enrayer cette disparition, plusieurs programmes de conservation ont été mis en place, visant à effectuer des recherches ou encore à surveiller les sites de nidification.
Photos : Ivo Kruusamägi ; Jonathan Wilkins ; Carlos Henrique ; Allan Hopkins
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