Le baguage des oiseaux : dans quel but ?
Qu’est-ce que le baguage des oiseaux ?
Le baguage est une technique en ornithologie qui permet d’identifier et de suivre les oiseaux ainsi marqués. Elle consiste à poser une petite bague métallique munie d’un numéro unique autour de la patte de l’oiseau.
Lorsqu’un oiseau est capturé (généralement à l’aide de grands filets en nylon tendus entre deux perches), le bagueur réalise des mesures biométriques* telles que le poids, la masse adipeuse, la longueur de l’aile, la longueur du tarse, l’âge, le sexe. Ainsi, si l’individu est recapturé plus tard par d’autres ornithologues ou s’il est observé et que sa bague peut être lue, l’oiseau pourra alors être identifié. Cela permettra de connaître le lieu où l’oiseau a été bagué et donc de déterminer le trajet effectué par ce dernier.
Cette technique a vu le jour pour la première fois en 1899 par l’ornithologue danois Hans Christian Cornelius Mortensen. En France, le baguage existe depuis 1911 et est coordonnée par le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO), qui dépend du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN).
Le baguage, pour qui ?
En France, le baguage des oiseaux est réglementé : seules les personnes possédant un permis de baguage obtenu à la suite d’un stage de qualification sont autorisées à exercer.
Cette formation se valide en quatre étapes :
- Connaissance de l’avifaune et du baguage acquise auprès de bagueurs titulaires en étant aide-bagueur. Cette première étape permet d’acquérir les bases du baguage (méthode, démarche, compétences…). De plus, une parfaite connaissance des oiseaux communs de France métropolitaine sera nécessaire que ce soit à la vue ou en main.
- Validation de ces connaissances par les bagueurs qui vous encadrent
- Suivre un stage de formation théorique au baguage CRBPO
- Suivre un stage de qualification de bagueur du CRBPO
Le baguage, comment ?
Les bagues métalliques
Munies d’un numéro unique, elles se placent sur la patte de l’oiseau. Ces bagues sont fournies par le muséum et sont très légères de manière à déranger le moins possible l’animal. L’avantage de ce dispositif réside dans sa longévité. Ainsi, la résistance de ces bagues permettra de suivre les individus tout au long de leur vie. En revanche, le numéro de la bague ne pourra être lu à distance étant donné la petite taille de cette dernière. L’oiseau devra, de ce fait, être recapturé pour pouvoir relever le numéro inscrit.
Le marquage coloré
Afin de faciliter la lecture des bagues, les ornithologues ont développé une autre méthode qui consiste à poser des bagues de couleurs sur les pattes des oiseaux ainsi marqués. Les individus équipés de ce dispositif peuvent être identifiés à distance que ce soit aux jumelles ou à la longue vue.
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Il existe plusieurs types de marquage coloré :
- Les bagues DARVIC (rondes) qui sont affublées d’un code comprenant une combinaison de chiffres et/ou de lettres, voir des symboles allant de deux à quatre caractères
- Les bagues ELSA (octogonales) pourvues d’un code allant jusqu’à 5 caractères. Elles indiquent également la centrale de baguage
- Combinaison de bagues colorées et codées
- Combinaison de bagues colorées seules
- Colliers colorés ou pourvus d’un code
- Marques alaires (marquage des ailes à l’aide d’une ou de deux plaquettes colorées et codées)
- Marques nasales
- Décoloration des plumes
Le gros avantage de cette technique est indéniablement le fait que le contrôle peut se faire à distance. Cependant, la lecture du marquage coloré peut être rendu difficile si les pattes de l’oiseau ne sont pas visibles. Ceci implique également d’avoir une longue-vue ou au moins une bonne paire de jumelle. De plus, la couleur des bagues peut perdre de son intensité avec le temps. Il devient alors assez délicat de déterminer la couleur initiale exacte.
Figure 4 : Exemple de marquage alaire sur un oiseau
Contrôles et reprises
Un contrôle constitue l’ensemble des informations recueillies lors de recaptures par le même ou par un autre bagueur, ainsi que les données collectées grâce aux marques (bagues couleurs, gravées, etc.) et aux systèmes de suivi (GPS, ARGOS…).
On parle de reprise lorsque les informations sont recueillies après la mort de l’oiseau, ou lorsque celui-ci est gardé dans un centre de soins après une blessure.
Que faire si l’on trouve un oiseau bagué ?
Etant donné la petite taille des bagues de métal, il s’agit, dans la majorité des cas d’une bague récupérée sur un oiseau mort.
Si vous trouvez ce type de bague, il faut alors l’envoyer aplatie (ou une photo) à l’organisme auquel elle appartient. Cette information se trouve sur cette dernière. Vous pourrez trouver à quelle centrale de baguage est rattaché la bague trouvée ainsi que ses coordonnées à l’adresse suivante https://euring.org/national-schemes/euring-member-schemes afin de transmettre les données.
Plusieurs informations seront à fournir :
- L’espèce
- La commune
- La date
- Les circonstances de la découverte
- Vos coordonnées
Dans le cas d’un marquage coloré, le maximum d’informations que vous pourrez fournir seront bonnes à prendre :
- L’espèce
- La date
- Le lieu
- L’emplacement de la bague
- Le code couleur
- Le code inscrit sur la bague (si elle en est pourvu)
- Si possible une photo de l’individu observé
Bon à savoir !
La lecture des bagues colorées se fait en commençant par la patte gauche de l’oiseau.
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Le baguage de oiseaux : pour quoi ?
Le baguage des oiseaux constitue encore à ce jour le meilleur outil pour étudier la migration des oiseaux que ce soit pour connaître les voies de migration empruntées, les zones de reproduction et d’hivernage.
Cette technique est, également, de plus en plus utilisée pour suivre l’évolution démographique des populations d’oiseaux.
Auteur : Louise Jullien
Photos : Jean-Sébastien Guénette ; jon57 ; SchoonIngekaderd