La migration des oiseaux : comportement et explications

Comprendre la migration des oiseaux et leurs comportements

Qu’est-ce-que la migration des oiseaux ?

« La migration des oiseaux est un mouvement saisonnier régulier entre des zones de nidifications et d’autres zones » (Newton, 2008).

Il s’agit donc d’un phénomène qui se répète chaque année. Chaque période automnale les oiseaux quittent leurs territoires de reproduction pour gagner leurs quartiers d’hivernage. Il s’agit d’un cycle annuel rythmé par les saisons et lié à la photopériode (rapport entre la durée du jour et de la nuit).

On distingue deux types de migration :

  • La migration prénuptiale, qui correspond à la migration hivernale. Elle commence généralement courant du mois de janvier jusqu’au début de l’été (mai-juin). Les espèces migratrices quittent leurs quartiers d’hivernages pour rejoindre leurs zones de reproduction. Cela concerne principalement des déplacements vers l’hémisphère nord.
  • La migration postnuptiale, qui correspond à la migration automnale. Elle commence généralement au début du mois d’août voir fin juillet pour les espèces les plus précoces et se poursuit jusqu’en hiver. Cela concerne principalement des déplacements vers l’hémisphère sud.

Pourquoi les oiseaux migrent-ils ?

La migration chez les oiseaux est directement liée à la disponibilité des ressources alimentaires. Ainsi, cela leur permet de parer à une éventuelle pénurie et de bénéficier d’un climat plus doux et plus clément.

Le saviez-vous ?

Il existe des migrateurs totaux dont l’ensemble de la population va participer au phénomène de migration et des migrateurs partiels dont une partie seulement de la population va migrer.

Comment les oiseaux migrent-ils ?

On distingue deux types d’oiseaux migrateurs :

  • Les migrateurs au long cours (migrateurs longue distance). Les plus connus chez nous sont les migrateurs transsahariens dont les quartiers d’hivernages se situent au sud du Sahara. Il s’agit principalement d’insectivores dont la ressource vient à manquer dans l’hémisphère nord en hiver.
  • Les migrateurs petit et moyen-courrier (migrateurs courte et moyenne distance). Cette catégorie effectue des trajets beaucoup plus courts allant de quelques dizaines à quelques milliers de kilomètres. Par conséquent, ces espèces migrent plus tardivement que les migrateurs au long cours.
Pie-grièche écorcheur : espèce migratrice transsaharienne

Figure 1 : La Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) est une migratrice au long cours transsaharienne. Elle arrive en France en mai et regagne ses quartiers d’hivernage en Afrique du Sud.

Le rougequeue noir est un oiseau migrateur courte distance

Figure 2 : Le Rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) est un migrateur courte distance.

 

La stern arctique a le record du monde de distance en migration

Figure 3 : La Sterne arctique (Sterna paradisaea) détient le record du nombre de kilomètres parcourus lors de la migration. Ainsi, elle accompli chaque année un périple de 35 000 km pour se rendre de la toundra arctique à la limite de la banquise antarctique. De ce fait, elle vole huit mois par an.

Les espèces étant très différentes les unes des autres, elles n’emploient pas les mêmes stratégies pour mener à bien leur migration.

Les réserves de graisses

Il faut savoir que parcourir de telles distances requiert une préparation optimale. Ainsi, avant de faire le grand saut (ou le grand vol !), les oiseaux doivent emmagasiner une grande quantité de réserves qu’ils vont stocker sous forme de graisse. Ce stockage adipeux exceptionnel est indispensable pour leur permettre de pallier aux importantes dépenses énergétiques inhérentes aux longs trajets de certains oiseaux.

Ainsi, de nombreux oiseaux doublent leur masse corporelle avant de partir en migration. Ces prises de masses peuvent être assez spectaculaires ! Par exemple, le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), un petit passereau paludicole, qui pèse habituellement entre 11 grammes et 13 grammes peut atteindre 22 grammes à 24 grammes !

Le phragmite des joncs double sa poids en vue de la migration

Le Phragmite des joncs est capable de doubler son poids avant de partir en migration.

On comprendra aisément qu’un oiseau trop gros devra dépenser plus d’énergie pour se déplacer. Un équilibre est donc recherché : le coût énergétique sera moindre si le trajet est effectué en plusieurs fois avec des courtes haltes qui permettront de refaire ses réserves de graisse.

La mue

Le phénomène de mue correspond au renouvellement du plumage chez les oiseaux. Les plumes s’abîment et s’usent avec le temps, elles doivent alors être remplacées par de nouvelles. Or, muer s’avère très couteux en énergie et réduit les performances de vol. Il faut donc établir la meilleure stratégie possible :

  • Les anatidés (canards, oies, cygnes) muent en été avant de partir en migration. L’ensemble des plumes spécialisées dans le vol (les rémiges) et celles de la queue (les rectrices) tombent alors rendant le vol impossible. En ce qui concerne les mâles, des plumes de type femelle remplaceront leurs anciennes plumes. En effet, ces plumes, plus ternes, leurs permettront de se camoufler plus efficacement et d’être ainsi moins repérable aux yeux des prédateurs. Leur incapacité à voler à cette période les rendant très vulnérables.
  • Les grands voiliers comme les rapaces ont une nécessité de garder leurs plumes leur permettant le vol. La mue s’étend ainsi sur une longue période et s’effectue de manière séquentielle.
  • La majorité des passereaux effectuent leur mue avant de partir en migration. Cependant, pour certains, ce phénomène s’interrompt temporairement au niveau des rémiges secondaires dès que le moment du départ arrive.

Un milan royal en pleine mue de son plumage

Figure 5 : Milan royal (Milvus milvus) en pleine mue.

Les déplacements

Lors de la migration, tous les oiseaux ne volent pas le jour. En effet, des études récentes ont démontré que 2/3 des oiseaux effectuent leurs déplacements la nuit. Ainsi, la majorité des passereaux migrateurs, principalement les migrateurs au long cours, volent de nuit.

Mais alors pour quelles raisons voler de nuit plutôt que de jour ?

Il semblerait que les oiseaux au long cours se doivent d’optimiser leur temps pour arriver au moment opportun dans leurs quartiers d’hivernage ou sur leurs sites de reproduction. Ainsi, la migration nocturne leur permet de couvrir une partie du trajet et la journée est mise à profit pour s’alimenter.

Voler de nuit permettrait également une économie d’énergie car l’air est plus frais et dense. De plus, les vents sont plus faibles la nuit : la probabilité de lutter contre des vents contraires s’en trouve, de ce fait, réduite.

Enfin, le taux d’humidité plus élevé la nuit et les températures plus fraîches seraient un bon moyen de parer au risque d’hyperthermie et de déshydratation.

Le vol

Il existe différents types de vol :

  • Le vol à voile qui repose sur l’utilisation des courants d’air chaud ascendants leur permettant de s’élever facilement dans les airs et de planer sur de longues distances sans efforts.
  • Le vol en V qui permet à l’individu situé derrière celui qui le succède de jouir de l’aspiration créée par ce dernier et ainsi d’économiser de l’énergie.
  • Le vol battu qui, comme son nom l’indique, repose sur la puissance du battement des ailes. Cette technique de vol permet de voler plusieurs jours d’affilés mais elle est très couteuse en énergie.

Quelques exemples d’espèces aviaires et leur type de vol associé :

Vol battu

Bruant des neiges

Pie-grièche écorcheur

Chardonneret élégant

Pinson des arbres

Verdier d’Europe

Le vol en V des oiseaux migrateurs permet de réduire les dépenses musculaires

Figure 6 : Le vol en V permet de réduire les dépenses musculaires

Le milan royal utilise les courants d'air chaud pour se déplacer

Figure 7 : Le Milan royal (Milvus milvus) comme de nombreux rapaces utilise les courants d’air chauds pour se déplacer et ce qui lui permet de réduire considérablement ses dépenses énergétiques

La migration est très couteuse en énergie c’est pourquoi les oiseaux doivent faire des réserves de graisses avant de partir et font régulièrement des haltes migratoires afin de les reconstituer.

 L’orientation

Les oiseaux disposent de plusieurs repères pour s’orienter :

  • Des repères visuels comme les cours d’eau, les montagnes, les côtes
  • Des repères astronomiques comme les étoiles, le soleil ou encore la lune
  • Ils sont également capables de se repérer grâce au champ magnétique terrestre.

Les voies de migration

« Une voie de migration concerne l’ensemble des espèces d’oiseaux migrateurs (ou de groupes d’espèces associées ou différentes populations d’une seule espèce) qui se déplacent annuellement des sites de nidification vers les sites de non nidification, y compris les sites intermédiaires de repos et de nourrissage de même que la zone dans laquelle les oiseaux migrent » (Boere & Stroud, 2006).

Les oiseaux empruntent donc des routes migratoires pour se rendre tantôt sur leurs aires de reproduction et tantôt pour regagner leurs quartiers d’hivernage (voir figure ci-dessous).

Carte mondiale des voies migratoires des oiseaux migrateurs

Figure 8 : Voies migratoires principales. Sont représentées en bleu les voies empruntées lors de la migration post-nuptiale et en rouge celles empruntées au cours de la migration pré-nuptialeSources : migraction.net

Carte des voies migratoires des oiseaux migrateurs en France

Figure 9 : Principales voies migratoires en France. Sources : migraction.net

Le saviez-vous ?

La migration n’est pas seulement réservée aux oiseaux. Une multitude de famille d’animaux comme les chauves-souris, les papillons, les poissons et certains mammifères (caribous, gnous, bisons d’Amérique du Nord…) est concernée par ce phénomène.

Comment étudier ce phénomène ?

Le phénomène de migration est un phénomène qui a été très étudié ces dernières années. Les recherches scientifiques sur ce sujet ont commencé au cours du siècle passé et ont permis d’accroître considérablement les connaissances sur ce sujet. L’étude de la migration peut s’opérer de différentes façons.

L’observation directe

Le premier outil utilisé et, de surcroît le plus ancien, est l’observation directe des individus en vol. Chaque année, de nombreux ornithologues du monde entier scrutent le ciel de l’aube au coucher du soleil pour dénombrer les oiseaux et identifier les espèces de passage. Ces observations se déroulent sur des sites appelés « sites de migration » qui sont des endroits stratégiques bien connus des ornithologues et sur lesquels les migrateurs convergent en raison de leur topographie et de leur emplacement sur leur route migratoire. Il peut s’agir de points hauts avec une vue dégagée (cols de montagnes), des promontoires côtiers, des caps…

Observation des oiseaux pour comprendre leurs trajets migratoires

Figure 10 : L’observation directe avec des jumelles ou une longue vue est la manière la plus efficace pour identifier les espèces

L'ornithologue se place en hauteur pour mieux observer les oiseaux

Figure 11 : Mieux vaut privilégier les points hauts qui octroient une vue dégagée afin de faciliter l’observation des migrateurs de passage.

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Le baguage

Le baguage des oiseaux est, quant à lui, l’outil le plus connu. Il s’est démocratisé à partir du début du 20ème siècle et consiste à poser une petite bague métallique munie d’un numéro unique autour de la patte de l’oiseau. Lorsqu’un oiseau est capturé (généralement à l’aide de grands filets en nylon tendus entre deux perches), le bagueur réalise des mesures biométriques (mesures biologiques) telles que le poids, la masse adipeuse, la longueur de l’aile, la longueur du tarse, l’âge, le sexe. Ainsi, si l’individu est recapturé plus tard par d’autres ornithologues ou s’il est observé et que sa bague peut être lue, l’oiseau pourra alors être identifié. Cela permettra de connaître le lieu où l’oiseau a été bagué et donc de déterminer le trajet effectué par ce dernier.

Le baguage d'un oiseau permet de l'étudier et le suivre dans ses déplacements

Figure 12 : Le baguage est une technique très répandue pratiquée par de nombreux ornithologues

Le marquage coloré

Cette méthode ne peut être appliquée sur des petits oiseaux. Cette technique possède l’avantage de ne pas avoir à procéder à la recapture de l’oiseau, le numéro de bague ou la combinaison de couleur étant visible à distance. Il peut également s’agir de marques placées sur les ailes (rapaces), le cou (oie) ou sur le bec des canards par exemple.

Le marquage coloré, tecgnique d'identification des oiseaux

Figure 13 : Marquage coloré apposé à la patte de l’oiseau. Ce marquage a l’avantage de ne pas nécessiter la recapture de l’oiseau

Le radio-tracking (ou radio-pistage)

Cette méthode consiste en la pose d’un émetteur ou d’une balise GPS sur l’oiseau. La précision de ce type de système peut varier de quelques kilomètres à quelques mètres seulement pour les balises GPS Argos par exemple qui renseignent la position de l’oiseau à 150 mètres près ! Il s’agit donc d’un procédé beaucoup plus couteux.

Pourquoi étudier la migration ?

Ces différentes techniques ont permis de récolter des données très précises sur les voies empruntées lors de la migration, la période sur laquelle elle s’étend, les stratégies de migration, la façon dont les oiseaux appréhendent les obstacles… Toutes ces informations constituent une base de données essentielles pour l’étude du comportement de ces espèces. En effet, une meilleure compréhension permet de mettre en place des mesures de protection et de conservation adaptées et ainsi agir concrètement en faveur de la biodiversité.

GUIDES ET CONSEILS AUTOUR DE L’ORNITHOLOGIE

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